Ci dessous, la relecture du PAS (Projet d'action sociale) par Marie, étudiante en Médecine, accompagnée par le Centre Laennec et bénévole une demi journée par semaine l'an passé ...
Pierre-Bénite, le 19 mai Objet : relecture du PAS
Dans le cadre de mon PAS, je suis allée cette année rendre service à l’ASET. C’est une structure rattachée au centre Scolaire Saint Marc qui permet de faire la classe aux enfants du voyage ou aux enfants roms en attendant leur scolarisation dans une véritable école , ce qui est toujours préférable pour eux. En effet, les demandes envers cette association sont telles sur le département du Rhône que les enfants ne peuvent bénéficier bien souvent que d’une demi-journée de classe par semaine. Le but de l’association est donc d’assurer un minimum de scolarisation en attendant l’école, quand les parents font la démarche d’inscription auprès des mairies. Les cours ont lieu dans des camions spécialement aménagés pour cela, avec chaise, tables, jouets et rangements.
J’y allais tous les lundis après-midi. Nous avions rendez-vous à Saint Priest avec Yves et Odile, les deux instituteurs. Nous partions ensuite en camion pour le terrain où nous allions faire la classe.
Il est très difficile de résumer cette année en une expérience, parce que nous avons vu tout au long de cette année des populations tellement différentes, auprès desquelles notre travail était varié, et des enfants si attachants ! Je vais néanmoins essayer.
L’épisode que je voudrais raconter s’est déroulé en milieu d’année. Nous sommes allées sur le bidonville de Vaulx-en-Velin, occupé par des familles roms. Ce n’était pas la première fois que j’y allais, et nous étions déjà entrés dans le bidonville. Cela m’avait frappé de voir la misère dans laquelle ces gens vivaient, habitant dans des cabanes de fortune, isolées du froid de l’hiver par des panneaux de carton, et cependant conçues de manière ingénieuses puisque chaque cabane avait sa petite cheminée.
Il y avait ce jour-là peu d’enfants sur le bidonville, beaucoup étant partis « al magasine », c’est-à-dire mendier dans le centre de Lyon. En effet, pour pouvoir faire des achats, il faut qu’ils aient de l’argent pour payer.
Quelques adultes étaient là, à discuter dehors. Lorsque Yves leur a demandé pourquoi ils n’étaient pas au travail, un des roms a répondu « Il n’y a pas de travail pour les roms en France. » C’est tout à fait vrai parce qu’une mauvaise réputation suit cette population.
Nous avons fini par retourner aux camions avec un petit garçon, Janu, accompagnée de sa maman Florina, qui n‘avait pas grand ‘chose à faire, et qui accepta de monter avec nous pour travailler un peu. Et je les ai aidés à travailler, ce qui était très touchant. La mère, comme son fils, apprenait à faire les lettres de son prénom (elle ne savait pas lire), faisait des coloriages et elle y prenait du plaisir ! Il fallait guider sa main pour tracer les lettres…
Cela m’a beaucoup émue, parce qu’elle avait environ le même âge que moi, avec déjà deux enfants, et elle ne savait pas lire, pas écrire… Pourtant, elle faisait tout ce qui était possible pour que son fils puisse aller à l’école, avoir une éducation… J’ai trouvé son attitude très belle.
Cette année avec l’Aset m’a beaucoup apporté, m’ouvrant les yeux sur une réalité sociale souvent mal ou méconnue : la vie particulière des familles dans le bidonville.
Merci beaucoup à Yves et Odile de nous avoir montré que, même dans cette misère, il y avait des enfants qui étaient heureux : heureux de colorier, de lire, d’écrire, de jouer… Merci !